Jean VarinLes grands graveurs

Les génies se trompent aussi…

Jean Varin, de l’homme à la légende 7/7

 

Jean-Pierre Garnier (Photo F.Neuwald)

Un article dans le Bulletin de la Société Française de Numismatique de décembre 2001 faisait état de la communication de Jean-Pierre Garnier au sujet de la monnaie que vous pouvez voir ici. Elle vous parait tout à fait normale ?

Relisez bien la date !

« Pourquoi personne n’avait jamais remarqué cette erreur avant ?  Je pense que c’est tout simplement parce que ces types de monnaies sont si semblables, frappées au balancier et présentant la même légende disposée de la même façon, que l’on anticipe leur lecture. La date commence pas un 1 et finit par un 3 ; on voit ce que l'on s'attend à voir, c'est-à-dire 1643 au lieu de 1463. » Explique Jean-Pierre Garnier. « Est-ce parce que nul ne s’est aperçu de rien  qu’il n’a pas été détruit en sortant de la frappe ? Je ne pense pas car, lorsqu’on le compare aux autres piéforts de la série du Cabinet des Médailles, celui-ci donne l’impression d’avoir été particulièrement manipulé. Enregistré comme un millésime 1643 — ce qui signifie que personne n’avait relevé l’erreur — il n’avait officiellement rien de particulier, et n’aurait normalement pas dû être plus altéré que les autres. Pourtant, il a bien été manipulé à maintes reprises et je me demande si Varin lui-même ne l’aurait pas conservé pour le montrer régulièrement à ses élèves dans un but pédagogique ; concrètement, qu'il le sortait, le montrait, et le jetait au fond de son tiroir. Je pense à cela parce que, lorsqu'on observe attentivement cette monnaie, elle donne vraiment l’impression d’avoir été manipulée de cette façon-là de nombreuses fois. Bien entendu, si cette théorie est exacte, il ne s’agit nullement d’une erreur volontaire mais Varin a-t-il sans doute voulu montrer que même lui n'était pas à l'abri de ce genre d'erreur, et si c’est bien le cas, c'est la preuve qu’il était un grand maître. »

Merci au Cabinet des Médailles de Paris, la Monnaie de Paris et aux collectionneurs privés qui nous permis de prendre les photos illustrant cet article ainsi qu’à tous ceux qui en ont permis la réalisation (L. Cléaud, B. Fouvier, J.P. Garnier, M. Amandry, M. Dhénin et ceux qui ont dû rester anonymes).

Cristina Rodriguez

Article précédemment publié dans Numismatique et Change N°366 – Décembre 2005

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