Jean VarinLes grands graveurs

Jean Varin, faux monnayeur ?

Jean Varin, de l’homme à la légende 6/7

0Tout a commencé par un pavé dans la mare lancé par Tallemant les Réaux dans ses Historiettes (1). Il y accuse ouvertement Jean Varin d'avoir fait de la fausse monnaie avant de venir en France. Le célèbre graveur aurait-il eu une âme de faussaire ?

Certains y croient encore mais rien n'est moins sûr. Tout porte à croire que la « malédiction des homonymes », qui a donné tant de fil à retordre aux biographes de Varin et à moi-même, ait encore frappé dans ce cas précis.

En effet, au début du XVIIe siècle, à Liège, un certain Paul Manlich fut arrêté pour avoir fabriqué des monnaies à un titre trop faible.

Buste en bronze de Jean Varin. (Monnaie de Paris | Photo F.Neuwald)

C'est sous sa houlette que nous trouvons, à Bouillon, un graveur du nom de Jean Varin, qui figure dans les comptes de cet atelier avec le titre de « Tailleur de la Monnaie » de 1611 à 1614.

Treize ans plus tard, à la Tour-à-Glaire, en 1628, deux graveurs tombent à nouveau sous l’accusation de faux monnayage : les frères Varin !

En 1649, nouvelle affaire : un certain Barthélemy Varin s'associe avec un comparse et son fils pour prendre le bail de la Ferme de la Monnaie de Cugnon, auprès du comte Ferdinand-Charles Lowenstein-Rochefort. Nouvelle accusation et de nouveau un Jean Varin, de Liège, apparaît.

Trois coïncidences de ce type pourraient paraître excessives à n'importe qui pour n'être dues qu'au seul hasard. Et pourtant…

Comment Jean Varin, s’indigne très justement Mazerolles, aurait-il pu être à la Tour-à-Glaire en 1628, ou auprès du sieur Barthélemy Varin en 1649, puisqu'il était installé à Paris depuis 1625 ? Quant à travailler à Bouillon de 1611 à 1614, il faudrait admettre qu'on lui avait octroyé le titre de tailleur de la monnaie à 15 ans (et à 7 ans, si on fixe sa date de naissance en 1604 !).

Nous devons donc nous faire une raison : pour romantique qu’elle soit, la légende d’un « Varin faux monnayeur » ne tient pas debout.

Merci au Cabinet des Médailles de Paris, la Monnaie de Paris et aux collectionneurs privés qui nous ont permis de prendre les photos illustrant cet article ainsi qu’à tous ceux qui en ont permis la réalisation (L. Cléaud, B. Fouvier, J.P. Garnier, M. Amandry, M. Dhénin et ceux qui ont dû rester anonymes).

Cristina Rodriguez

Article précédemment publié dans Numismatique et Change N°366 – Décembre 2005


 

(1) Tallemant des Réaux, Les Historiettes, Ed. J. Techener.

Galerie

À lire sur le même sujet

Lire
Jean Varin, de l’homme à la légende
Lire
Le monnayage mécanique sous Louis XIII
Lire
Varin au sein de la réforme monétaire
Lire
Dérives sémantiques...
Lire
10 louis 1640 : une monnaie mythique
Lire
Les génies se trompent aussi...
Bouton retour en haut de la page