Monnaies

Gadoury Vert – L’enquête continue

La vente aux enchères des éditions V. Gadoury les 22 et 23 « Monaco 2021 » s’annonce comme une très belle vente de l’automne avec quelques monnaies d’exception, comme un essai en argent de l’Écu constitutionnel de 6 livres de 1791 par Vasselon, un essai de 5 lires Rome de  1914, ou encore une 20 Dollars 1907, Haut relief, Philadelphia MS62.

Mais voilà qu’aux pages 74 et 75 de ce catalogue, apparaît une série de 14 plombs dits « Épreuves de contrôle »,  qui avait été précédemment figuré dans la vente aux enchères N°19 de la Maison Palombo le 19 décembre 2020 et n’avait pas trouvé acquéreur.

La fabrication de ces dites « Épreuves de contrôle » ressemble en tout point à celle des plombs présents dans le Gadoury Vert – qui avaient fait ici-même l’objet d’une enquête pour le moins inquiétante.

Sur la Figure 1, on peut aisément constater que la semelle utilisée pour les plombs du Gadoury Vert est bien la même que celle de cette série de plombs monégasques. Les empreintes en cercle laissées par la semelle utilisée pour cette série et celles du Gadoury Vert présentent en tout point les mêmes caractéristiques (cercles qui semblent se rejoindre, vaguelettes importantes sur les cercles les plus excentrés, etc.).

Et ces cercles imprimés par la semelle sur les plombs monégasques, comme ceux du Gadoury Vert, ne ressemblent en rien à ceux présents sur les épreuves de contrôle de Jean-Luc Marechal, graveur de la 10 francs Génie de la Liberté, et dont l’authenticité ne laisse bien sûr aucun doute. Si l’on compare les dernières aux deux premières, on remarque immédiatement que les épreuves de contrôle de la 10 Francs Génie de la Liberté présentent un design incomplet, et ne peuvent donc avoir été frappées qu’au cours de la gravure de la matrice originale, précisément pour en « contrôler » l’avancement à différentes étapes de la création.

La publication de ces plombs monégasques nous permet donc de pouvoir affirmer sans aucun doute possible que toute la série de plombs du Gadoury Vert (hormis les épreuves de contrôle de 100 francs Descartes de 1991 par Daniel Ponce et Gérard Buquoy N° 240.3/4 et celles de 10 francs Victor Hugo de 1985 par Claude Lesot n° 191.3) a bien été réalisée à partir de coins, et non de matrices. Ce qui, comme nous l’avons exposé dans notre article « Gadoury Vert l’enquête », remet bien sûr en question l’utilité de ces plombs dans le processus de fabrication d’une pièce de monnaie au sein des ateliers de la Monnaie de Paris.

 

Grâce aux excellentes photos du catalogue de la vente Palombo N°19, nous pouvons mettre en évidence, et de manière très claire, l’absence totale du bord de la matrice. En effet,  la dépression due à l’enfoncement dans le plomb de cette 2 Francs Monaco 1979 est très nette. Et le plat qui devrait être présent si ce plomb avait été frappé avec une matrice (Figure 2) brille par son absence…

Regardez maintenant un agrandissement du plomb de 5 centimes 1976 (Figure 3)

1) La surface de frappe a été préparée à la va-vite, car manifestement, il manque du plomb à cet endroit.

2) La frappe est tellement mauvaise qu’il manque une partie de CENTIMES.

3) On notera aussi que le grain du plomb est relativement gros, alors que les épreuves de contrôle de la 10 francs Génie de la Liberté sont faites d’un plomb extrêmement fin pour que le moindre détail puisse être révélé.

Mais malgré tout cela, ces plombs sont présentés comme étant des épreuves de contrôle.

Au vu de leur piètre qualité, on se demande bien quel type de contrôle aurait pu être fait avec ça – à moins que, pris d’un doute soudain et frénétique, un graveur n’ait voulu vérifier qu’un coin d’acier pouvait s’enfoncer dans du plomb… 🙂

Mais au fait, où en sommes-nous de notre enquête ?

  • Il existerait, semble-t-il, en sus de cette série de plombs monégasques, une série plombs avec les monnaies coloniales. Cela demande bien sûr confirmation.
  • L’empreinte de la monnaie la plus ancienne de ces séries de plombs serait une 1 Franc Napoléon III 1866 BB. Avoir une photo de ce plomb nous permettrait de mettre en évidence que tous ces plombs, même les plus anciens, possèdent la même semelle, et prouverait de ce fait, si cela est encore nécessaire, que tous ces plombs ont été frappés au même moment.
  • Nous avons, grâce à notre précédente enquête, acquis la certitude que tous ces plombs ont été réalisés avec de vieux coins de production (voir « HYPOTHÈSE DE TRAVAIL 3 : DES VIEUX COINS »). Nous sommes en attente de la liste complète des coins disponibles à Pessac. Celle-ci devrait nous permettre de retrouver l’ensemble des coins ayant servi à la fabrication de ces plombs. Et surtout, d’expliquer l’étonnante absence de certains plombs, comme ceux de la 5 francs Lavrillier, de 5 francs Semeuse ou encore de 50 francs Hercule.

Affaire à suivre … l’enquête continue.

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