Ni l’un ni l’autre ! Qu’elles soient du « type de Rênes », « de Couville » ou « armoricain », aucune de ces haches ne saurait être considérée comme une monnaie votive, et moins encore comme un outil.
Lorsqu’une hache est faite de cuivre, avec des tranchants bien affûtés, on peut certes parler d’outil, mais quand elles sont en bronze, avec une couture de moule sur la tranche, comment peut-on y songer ? Nos ancêtres étaient-il donc sots à ce point ?
« Si on les emmanche et qu’on s’en sert, elles cassent, bien sûr ! » S’exclame Jean-Pierre Garnier. « Elles éclatent car elles ne sont pas faites pour ça. Et pourtant, il y a 30 ans, personne ne parlait de haches monétaires. J’étais à l’époque en contact avec des archéologues car je possédais un laboratoire de restauration, et, aussi incroyable que cela paraisse aujourd'hui, elles étaient considérées par tous comme des objets utilitaires. Cela alors même qu’on les savait en bronze, fondues et qu’elles étaient, à l’évidence, une multiplication de la même pièce, du métal monnayé ! »
Et pour ce qui est de la théorie des « monnaies votives », elle ne tient pas davantage debout.
« À partir du moment où l’on fait une monnaie votive, c’est qu’une autre monnaie circule. » Explique le Numismate avec une logique implacable. « On fait un « ersatz », sinon, il n’y a pas de « monnaie votive ». Si la monnaie originale n’existe pas, il s’agit d’un objet votif et non d’une monnaie. Sous prétexte que ces monnaies ont été trouvées dans des enfouissement en cercle, en couronne, nous aurions affaire à des enfouissements votifs ? Mais, enfin, un peu de bon sens ! Prenez une vannerie quelconque. Quelle est la façon la plus simple d’y ranger les haches de ce type ? En cercle, bien sûr ! Le temps passant, le friable contenant disparaît et ne reste qu’un trou rond et des haches, c’est aussi simple que cela. Il est aberrant que les archéologues soient partis de la façon de ranger ces monnaies pour décréter qu’il s’agissait de monnaies votives !”
C'est vrai. Pourquoi faire simple quand on peut faire votif ? 😉
Article précédemment publié dans Numismatique et Change N°362 – Juillet-Août 2005